Les parapluies disparaisent...

Les parapluies disparaissent…

 

Malgré ces évènements, le travail continue et j’honore mes contrats avec mes clients de la grande distribution.

Le principe de fonctionnement était le suivant : chaque gérant passe avec moi un contrat d’heures de service (en général par tranche de 32 heures). Un certains nombre de responsables dans le magasin ou la société sont désignés par le gérant comme habilités à faire appel à moi.

A chaque intervention, un compte rendu est rédigé avec le décompte des heures passées. Arrivé au bout du nombre d’heures alloué, un nouveau contrat est proposé à la signature.

Je constate depuis quelques temps que certaines enseignes ne renouvellent pas leur contrat avec moi. Ce n’est pas fait pour me remonter le moral !

Mais, au delà de mes problèmes personnels ne parle t on pas d’une « crise » !?? Alors gardons le moral contre vents et marées !

Il est vrai aussi que nous assistons dans la région à une valse des enseignes ; les magasins changent de panneaux et même si les gérants et les équipes restent les même, les centrales d’achats verrouillent de plus en plus leurs systèmes informatique : la tendance est à l’internalisation. Au final, je verrai que ce n’était pas la véritable raison.

Il faut que je pense à me réorienter et à prospecter un peu. Mais, ce que je traverse en ce moment ne m’aide pas.

Cela n’est pas bon non plus pour mon compte en banque qui d’ailleurs reste bloqué alors qu’aucun compte de substitution n’a été ouvert par la banque comme cela était prévu par le mandataire de justice.

Nous sommes à l’été 2012. Les contrats disparaissent bientôt totalement et je vois mes fournisseurs réduire mes encours voire purement et simplement fermer mes comptes clients chez eux.

Lors de son coup de fil du mois de février, le représentant du mandataire m’avait précisé que mon compte en banque était bloqué et qu’il avait donné ordre à la banque d’ouvrir un compte parallèle, mais également que toutes les dettes antérieures à la décision de redressement étaient gelées.

Dans les années précédentes, j’avais contracté un prêt auprès de ma banque pour faire face à des investissements professionnels. Les mensualités de ce prêt devaient donc être également gelées.

La banque n’en fit rien et continua de prélever chaque mois malgré mes protestations.

Mathématiquement, mes factures de téléphone et autres prélèvements sont rejetés par la banque qui me facture des frais au passage.

Je me retrouve sans aucun revenu… Boucler les fins de mois devient facile aux alentours du 10 de chaque mois…

Mon compte est résolument dans le rouge : je me retrouve fiché en banque de France.

Une facture d’EDF rejetée, deux relances et on nous coupe le courant… Comme dirait un ami : « dans la vie, il y a les tourments » !

Ma femme étant désormais en retraite, nous vendons sa voiture… Puis la mienne… Heureusement, j’ai gardé au fond de mon garage une relique âgée de 23 ans : elle reprend donc du service !

 

Il pleut toujours mais ça s’éclaircit un peu…

Il y eut plusieurs autres audiences et autant d’attentes interminables dans les couloirs du palais de justice.

Chaque fois le même scénario dans lequel je n’ai pas droit à la parole : échange entre le mandataire de justice et la présidente du tribunal, puis mon avocat qui reprend toujours la même phrase : « Mme la présidente, nous sommes toujours en attente des pièces et des justificatifs de l’URSSAF »…

Audience… reportée !

Je finis par rencontrer le mandataire de justice avec mon avocat afin d’examiner en détail les griefs qui me sont opposés.

Nous en sommes à plus de 67 000 euros. Soit  plus de 50 000 pour l’URSSAF, le reste étant constitué par des « soldes prévisionnels du RSI et des impôts »…

Nous passons en revue avec le mandataire les sommes réclamées et tombons au final sur environ 1000 euros justifiés. (Et on veut vendre ma maison pour ça !)

Le mandataire prend donc acte et demande des justificatifs à l’URSSAF… Nouveau délai…

Mine de rien, chaque aller retour au tribunal ou chez le mandataire dont l’officine est juste à coté du palais (ces gens là sont pour le commerce de proximité)  me fait faire 80 kilomètres ce qui représente, pour moi, un budget essence non négligeable !

Entre deux, la vie quotidienne est plutôt calme : plus d’huissier à la porte… Les Impôts, l’URSSAF et le RSI ne m’écrivent plus… Coté boulot, bien, vous savez ! C’est un petit peu comme si entre deux audiences je n’existais plus.

Socialement : je suis déjà mort.

Faute de moyen, je ne sors plus pour faire les courses, ma vie sociale est un désert. Heureusement, il me reste la musique et des amis solides. Quelques oasis !

Je suis partagé entre désespoir et révolte; après tout je sais bien au fond de moi que tout cela n’est pas fondé, mais pour autant, la machine à broyer continue d’avancer. Voilà maintenant plus de huit mois que cela dure.

J’oscille en permanence entre ces deux sentiments tout en tentant de faire « bonne figure » chez moi.

Je suis fatigué, mais dès que je ferme l’œil c’est pour me réveiller en revoyant ces visages condescendants et  entendre résonner ces phrases vides de tout fondement mais pourtant inscrites sur les comptes rendu d’audience. Des phrases qui sonnent comme autant de condamnations sans la moindre preuve : ils m’ont jugé coupable et voilà tout !   

Je ne mange pratiquement plus depuis quelques mois, je n’y arrive plus. Je viens de m’en rendre compte un matin où j’ai dû refaire des trous à mon ceinturon. J’ai perdu 18 Kg !

Il m’arrive de plus en plus fréquemment d’avoir des vomissements et des hémorragies : le physique ne suit plus et je n’ai pas les moyens d’avancer le coût d’une consultation  car depuis mes déboires bancaires, ma mutuelle m’a  résilié. Comme je vous le disais, mon statut d’être humain en a pris un sacré coup !

Face à cette chose qui pourrait priver ma famille de ses biens, non par ma faute mais à cause de mon statut dans cette société ; que faire ?

J’en suis venu un jour à des pensées radicales pour tourner le dos à cette merde dans laquelle ce système me plongeait.

C’est le coup de fil d’un ami musicien venu prendre de mes nouvelles qui m’a fait ranger le fusil. (Quand je vous disais que j’avais des amis solides !)

Il est vrai que le suicide pouvait être une solution symbolique qui aurait pu  médiatiser la situation et ses origines pourries, voire éveiller quelques consciences ou mobiliser quelques forces « révolutionnaires »…

Mais ces forces sont embryonnaires, immatures pour la plupart et désorganisées. Les victimes de ces organismes et de ces systèmes sont nombreux et les chiffres bien dissimulés. J’aurai certainement fait partie du nombre de ces « déséquilibrés » qui n’ont pas assumé de vivre dans notre belle société. Cela aussi, j’en aurai la preuve par la suite.

Non, la solution est dans le combat ! Mais un combat raisonné et froidement logique.

Il faut être prêt à tout abandonner (après tout il ne me reste déjà plus grand chose) sauf, bien sûr mes convictions.

Me dépouiller de tout pour ne plus porter le flanc à rien. Il me reste mes ressources personnelles, à savoir : mes talents, mes savoir faire dans divers domaines, mes amis, la conviction que je suis dans mon droit et une foi quasi imbécile dans la vie. Autant d’armes que je mettrai au service d’un combat à outrance ! Je ne suis peut être plus en bonne santé, mais je vivrai !

Je revois mon avocat de temps en temps. A chaque rencontre, il me demande « Quoi de neuf !?? ».

J’ai l’impression qu’il marche dans le noir. Certes, le personnage est sympathique avec une bouille joviale derrière ses lunettes à grosses montures rouge, mais il ne manifeste en aucun cas « la hargne » que j’attendais d’un défenseur.

J’attends de lui un soutien réactif et donc combatif face à l’absurdité de la situation. Cependant, il demeure évasif et attentiste. Est-ce volontaire ou est-ce de l’incompétence ? Je me pose la question !

La relation devient surréaliste lorsque je m’inquiète de ses honoraires, il me déclare « Tu paieras quand tu pourras » !

Je suis en train de me noyer, ou plutôt « on » est en train de me noyer et je le sens.

La bouée que j’avais vu en la personne de l’avocat se révèle être plus un lest qu’autre chose. J’aurais encore d’autres surprises…