Le démarrage... Le boulot... La vie...


Le démarrage :

Passage rapide au travers des administrations : Chambre de commerce « euh, mais vous n’êtes pas commerçant monsieur… », Chambre des métiers : « Ah, mais vous n’êtes pas artisan monsieur… »… Bref, passage par la case trésor public : « Ah, ben oui, peut importe ce que vous faites : on va vous inscrire au CFE !».

Me voilà donc inscrit avec de jolis numéros qui vont bien… INSEE ; SIRET ; TVA ; etc… Bref : légal  => je peux enfin bosser l’esprit tranquille !

Oh, mais l’objectif, il est où !??  Comme le groupe, déposer des brevets… Une armée de commerciaux autour de tout cela pour « faire du chiffre » !??

Non, juste continuer à avancer et gagner sa vie sans avoir la sensation de la perdre. Rien de plus en ce qui me concerne…


Le boulot… La vie…

Je creuse, je rencontre des gens (des vrais), des chefs d’entreprises, des PME, des TPE…  Avec des problèmes, des questions, des interrogations.

J’avance et j’ai l’impression d’être utile 

(Beaucoup me le confirment) ! Je ne suis plus dans la grande théorie, mais dans la pratique immédiate. Souvent, je suis étonné par la simplicité de ce qu’ils trouvent ou ressentent comme complexe.

Résolument, nous n’avons pas la même manière de voir les choses.
Mais à la fois je découvre leurs métiers et toutes les diversités que cela implique ; là c’est eux qui m’étonnent !

J’apprends énormément et je m’enrichis intellectuellement à chaque rencontre. Je ne suis plus dans un bureau où l’on m’amène des  dossiers, mais sur le terrain, chez les gens, là où ça sent bon l’huile de coupe et le bois frais.

Je bois des coups avec les ouvriers et j’aime ça ! J’ai plein de prénoms dans mon carnet d’adresse au lieu de n’avoir que des sigles. Je me « mouille » ; je suis comme eux tous, je dépends d’un patron : le leur…

Mais mon client final : ce n’est pas le PDG de la boite, mais c’est celui qui est devant la machine ou le cul sur un Clark. C’est elle ou lui que j’écoute en priorité ; la « bonne vie » de l’entreprise (à mon humble avis) dépend avant tout de sa bonne vie à elle (ou à lui).

Certes, ce n’est pas eux qui paieront ma facture au final, mais, pour moi, c’est à eux que je dois des comptes.

Cela, depuis le début, je l’ai compris et d’ailleurs, si je fais ce boulot, c’est uniquement pour eux ! Auprès du « boss » je dois être crédible… Fiable… Efficace… Succin… Rassurant…  aussi.

Parfois, j’ai une furieuse envie de dire ce que je pense au « boss » et souvent je le dit.

Bizarrement, très peu m’en voudront de cela et certains changeront même leur manière de fonctionner ou feront un peu plus attention. Je ne sais pas si mon statut d’indépendant me vaut une certaine considération (du genre : il est des nôtres)…  Ou si c’est simplement ce que je leur dit qui  les fait réfléchir… Va savoir !

Bref, j’ai l’impression d’avoir échangé quelque chose de concret et de constructif avec les gens qui travaillaient pour mes clients et mes clients eux même, en particulier dans la grande distribution où pourtant on imagine l’humanisme à 40 années lumière au moins des préoccupations des dirigeants de magasins.

Le seul problème, c’est que moi, contrairement à « ces vrais gens » pour qui je travaille, ma toiture : je la construis chaque jour et que je n’en ai aucune existante pour m’abriter…

De patron, je n’ai point, mais des obligations, j’en ai, issues d’un système impersonnel qui se fout totalement de mon rôle ou de ma place dans la société : mon « patron » à moi, ne juge pas la qualité de mon travail ni ma rentabilité ou ma qualité de vie, mais juste ce que je lui rapporte !

Le quotidien du travailleur indépendant est rempli par trois composantes principales :

Son travail, la relation client et la prospection et la paperasse…

Et pour quelqu’un qui travaille seul, ce troisième point est le plus lourd à gérer.

L’administration française, et c’est là un doux euphémisme, n’est pas adaptée aux « Toutes Petites Entreprises » (TPE).

Dans certaines PME on a une personne dédiée à la comptabilité et aux relations avec l’administration, à fortiori, dans les grandes entreprises, c’est tout un service qui s’occupe de cela alors que l’indépendant, lui, est seul face à la complexité, le mutisme, les dysfonctionnements à répétition et parfois la bêtise crasse de cette administration.

Malgré cette difficulté majeure, les TPE représentent 97 % des entreprises françaises, alors que les entreprises de 20 à 249 salariés, les PME, n'en représentent que 3% et les grandes entreprises (250 salariés et plus) atteignent tout juste 0,2%.

En 2012, les TPE, incluant notamment les artisans, représentent plus du tiers de l'emploi en France.

On pourrait croire que des entreprises qui créent 37% des emplois en France soient considérées avec bienveillance.

On pourrait croire qu’il serait logique que l’état, à travers ses administrations et dans ces décisions, fasse en sorte que ces entreprises fonctionnent le mieux possible…

Pourtant, force est de constater qu’il n’en est rien et qu’il existe sous le couvert de  desseins à courtes vues destinés à palier l’incurie d’un système dégénéré, totalement mal pensé et mal organisé, une véritable entreprise, elle bien efficace et fonctionnelle, de destruction des entrepreneurs.

Et celle là est bien génératrice de profits substantiels aux dépends de ces entrepreneurs et sans pour autant rapporter réellement à l’état et donc au « pot commun ».